Dédicace à cette femme que j’ai rencontrée lundi. Après des mois de manque d’envie, où le seul objectif était de supporter la chimio, et de lutter coûte que coûte, elle ne se reconnaissait plus avec ses ‘nouveaux cheveux’ encore parsemés, et sa ‘nouvelle peau’. Elle doit se faire à l’idée que son corps a changé beaucoup trop vite et qu’il ne sera plus le même…
Dédicace aussi à cette autre femme que j’ai revu ce lundi. Nous ne devions plus nous revoir car la maladie est désormais derrière elle (je le souhaite de tout cœur). Tout au long de son parcours, elle était incroyablement positive, supportant (et acceptant), comme tous les gens malades, les traitements aux effets que personne n’aimerait devoir subir. Ce lundi, elle avait besoin de réconfort, ne comprenant pas pourquoi soudainement elle se sentait dépressive et angoissée.
…Comme bien d’autres personnes dans sa situation que je rencontre.
En effet, le cancer, c’est, après le diagnostic, le branle-bas de combat ; tout doit aller vite. Mise en place du protocole qui ressemble souvent à cela : (dans l’ordre ou le désordre) l’opération, la chimio « d’attaque », l’autre chimio, la radiothérapie… et pendant toute cette durée de traitement, des RV de contrôles… pas une semaine, pas de jour de répit la plupart du temps. Le corps est en mode « survie » avant tout ; il subit. Alors, quand à la fin du protocole, du jour au lendemain, on passe d’un suivi médical intense à un RV de contrôle prévu dans 3 mois, puis l’autre dans 6 mois, c’est un peu comme si l’on disait à un bébé que l’on a pouponné pendant un an que maintenant qu’il savait marcher seul, il pouvait dorénavant aller se promener sans nous… C’est à la fois une libération, mais finalement vécue de façon très brutale ; il n’y a plus de repère, parfois, c’est même vécu comme un abandon… « Mais… qui va pouvoir me dire si, quand je sens des choses bizarres dans mon corps, c’est que je suis de nouveau malade ou que je vais bien ? ». L’accompagnement socio-esthétique des personnes en oncologie, c’est aussi nécessaire après le « combat », lorsque la sidération est finie et que l’on se ré-approprie son corps.




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